30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 20:08

Le 23 janvier 2010, Kabellion, en association avec l’Académie de Vaucluse, organisait son troisième colloque, plus axé cette fois sur une époque, Cavaillon aux XVIIe et XVIIIe siècles, que sur un personnage (Philippe Cabassole en 2005, César de Bus en 2007). Néanmoins, ce fut l’occasion de rendre hommage à Jean-Baptiste de Sade, évêque hors du commun, issu d’une famille des plus anciennes et des plus nobles de notre région, qui occupa le siège épiscopal de Cavaillon pendant plus de 40 ans et s’y illustra par son zèle pastoral, sa générosité, mais aussi son goût pour les arts.

Le siècle de Louis XIV et le siècle des Lumières ont marqué l’urbanisme de Cavaillon en général et la décoration de la cathédrale en particulier, car les évêques firent appel aux meilleurs artistes de leur temps pour leur embellissement.

De 1616, date de l’écriture du manuscrit de Jacques Thomas, jusqu’au Concordat de 1801, nombreux étaient les sujets qui pouvaient être abordés, et il a fallu faire un choix difficile. Nous avons voulu privilégier les études récentes (Hyacinthe Sabatier, sceaux armoriés des évêques de Cavaillon), ou des éléments redécouverts de notre patrimoine (donatifs de l’hôtel-dieu, cheminées de l’hôtel d’Agar), sans omettre les sources d’information (fonds d’archives), mais toutes les communications témoignent d’une même volonté d’apporter des connaissances nouvelles sur quelques aspects d’une époque très riche pour Cavaillon et les villages qui constituaient son évêché (Caumont et la chartreuse).

 


Jean-Baptiste de Sade avait créé une académie à Cavaillon, « composée de personnes d’un très grand mérite », relatait le Mercure Galant en 1678. Ce colloque est aussi un hommage rendu par l’Académie de Vaucluse et Kabellion à cette première société savante, en même temps qu’un encouragement à marcher sur ses traces : dans une période d’incertitude et d’inquiétude, il est important que quelques hommes de bonne volonté s’efforcent de porter et transmettre le flambeau de l’humanisme à Cavaillon et dans le Vaucluse.

On peut espérer aussi que nos édiles actuels, comme les Evêques et consuls sous l’ancien régime, aient la volonté de conserver et embellir les beaux monuments que les siècles passés nous ont légués, mais aussi d’enrichir la ville de belles créations contemporaines : la médiathèque qui nous a accueilli en est un bon exemple, tant au niveau de son architecture que de la vie culturelle qu’elle abrite.

Que tous les intervenants soient ici vivement remerciés, ainsi que l’Académie de Vaucluse dont la participation nous honore, la médiathèque intercommunale, et la Ville de Cavaillon dont le service des Archives a beaucoup contribué à la préparation de cette journée.

 

Raymond Escoffier

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 19:50

Samedi 3 décembre 2011

Salle Bouscarle - 14 h 30

Par le docteur Jean Boyer

 

La commedia dell'arte a ses têtes de turc. Une place de choix est toujours occupée par les médecins. En particulier au XVIIe siècle, où l'on glose beaucoup sur une médecine grandement livresque, et surtout hostile à toutes les nouveautés. Ils sont pour la plupart libertins. Leur action est certaine dans l'œuvre de Molière, qui lutte contre le pédantisme, et ceux qui agissent défavorablement sur les maladies. Molière est-il un destructeur des médecins ? Point du tout, il faut pour lui, d'abord ne pas nuire, aider la nature et non pas la contrarier. Molière, de son vivant, a été la cible des médecins qu'il attaquait et qui criaient vengeance. Anton Tchekhov constatera « qu'il en est des médecins comme des avocats, la seule différence, c'est que l'avocat se contente de vous voler, alors que le médecin vous vole et vous tue par la même occasion ».

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 17:23

Au XVIIe siècle, Cavaillon sort des douloureuse guerres de religion, qui ont opposé Chrétiens et Vaudois. La cité se remet lentement de ses meurtrissures. Un vent nouveau souffle sur la ville. Hélas, les maladies règnent ; la peste de 1630, puis celle de 1720 font des victimes. La vie de Thomas, l’apothicaire de la place aux Herbes, se déroule entre ces deux dates. Personnage fictif, son histoire s’inspire très largement de celle du fondateur de la Charité, Thomas Eyrisson.


L’auteur nous entraîne dans la vie de la cité avec ses difficultés, ses plaisirs, ses inquiétudes, ses doutes. Les loups rôdent, les hôtes de marque passent… Au milieu de ses drogues, Thomas l’apothicaire tente de son mieux de soulager la misère humaine.

 

Il sera possible de se procurer cet ouvrage, sorti pour la foire de Cavaillon, lors des conférences de Kabellion (prochaine date, le 3 décembre 2011) et ensuite dans toutes les librairies de la ville.

 

Pour réserver l'ouvrage (édition limitée), cliquez sur Contact.

 


30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 17:23

En 1794, la confrérie des Jardiniers de Cavaillon, vouée à Sainte-Marie-Madeleine, cesse toute activité. C’est 40 ans plus tard, en 1834, qu’apparaissent les premières traces de sa probable « héritière naturelle » : la confrérie de Saint-Eloi.

 

Prieurs et confrères

 

Au commencement, la confrérie compte 6 prieurs (2 par quartier : Cabedan, le Grès plus la ville, le Plan), assistés d’un trésorier, ce conseil étant présidé par le curé de la paroisse. Dix ans plus tard, en 1844, elle édicte ses premiers statuts qu’elle fait peindre sur un « grand tableau », dans la chapelle dédiée au saint, à la cathédrale.


Les prieurs de Saint-Eloi siègent au banc de l’œuvre et quêtent après l’office. A l’approche de la fête, ils  organisent une quête itinérante à travers ville et terroir : quête en nature (blé et cocons) et en argent (vente de pains bénis et, à partir de 1870, d’images imprimées à l’effigie du saint). Les prieurs ont en charge l’entretien et l’embellissement de la chapelle, ainsi que l’organisation de la fête, le 30 juin, jour de la saint-Eloi. Les fonds en excédent après la fête sont versés à la Caisse d’Epargne et destinés à parfaire la décoration de la chapelle. Celle-ci sera dotée d’un autel au beau décor d’outils agricoles et de produits qui font alors la richesse du terroir : melon bien sûr, vigne, artichauts et, moins attendus, chardons cardères.

 

De plus, la confrérie acquiert une bannière (la « bandiere ») de procession, des chandeliers d’albâtre, fait réaliser une statue du saint en bois doré, et, plus quotidiennement, fleurit et illumine son autel.


La fête de Saint-Eloi à Cavaillon


Si l’existence d’une charrette est attestée dès 1835, on possède peu de détails sur sa décoration ou son parcours. On peut supposer que les prieurs y prenaient place avec la statue du saint et sa bannière.

 

Cette charrette, probablement garnie de végétaux et fruits du terroir, était tirée par un ou plusieurs chevaux de trait. Accompagnée d’un tambour et de musiciens, elle devait effectuer un tour de ville, avec un arrêt devant la cathédrale où se célébrait la messe. A l’issue de celle-ci, les pains bénis (pains au sucre pour les hommes mais pains grossiers pour les bêtes de somme, censés protéger ces dernières des maladies) étaient distribués sous le cloître. En début ou en fin de cortège, on faisait « tirer les boîtes » par le pétardier. Enfin, un dîner réunissait les confrères.

 

Jusqu’en 1851, deux ou trois bals étaient organisés et financés par la confrérie : l’un en ville et le ou les deux autres en campagne (à Cabedan et au Plan). Parfois même, l’un de jour, l’autre de nuit. Après une interruption de quelques années (dont on ne connaît pas la cause), la confrérie est rétablie en 1858 selon des règles fermement suggérées par le curé et toutes centrées sur la fête religieuse : les prieurs s’engagent ainsi « à ne plus contribuer en rien à la fête profane et, par conséquent, à n’organiser ni ne favoriser aucun bal. » La suppression de la fête populaire sonna-t-elle le glas de la confrérie ? Les traces de son existence s’amenuisent pour finalement disparaître en 1883.

 

Archives municipales de Cavaillon

Source : Archives départementales du Vaucluse

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 17:18

La cathédrale de Cavaillon, édifice classé Monument Historique, fait depuis plusieurs années l’objet de travaux de restauration réalisés sous la direction de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques pour les interventions lourdes (toiture) ou de l’Architecte des Bâtiments de France pour les travaux d’entretien.


La programmation de ce dernier type d’intervention a donné lieu à une courte étude archéologique sur l’ancienne chapelle de l’évêque effectuée le 25 janvier 2007 par le Service d’Archéologie du Département de Vaucluse, à la demande du Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine. L’objectif était de comprendre l’évolution architecturale de cette pièce entre le XIIe s. et le XVIIIe s. et d’évaluer l’importance d’un éventuel décor peint sur les murs et de différents aménagements mobiliers aujourd’hui disparus.


L’étude conduite préalablement à des travaux de restauration apporte des données essentielles qui nous font entrevoir un bâtiment antérieur à cette chapelle des XVIIe-XVIIIe s. Ainsi, quelques sondages et observations attentives permettent de s’interroger sur l’architecture et la fonction d’un corps de bâtiment médiéval placé à l’ouest du cloître, perpendiculairement à la cathédrale. C’est une découverte de premier plan, semble-t-il, qui complète notre perception de la topographie du groupe épiscopal de Cavaillon.


Description des lieux


La chapelle de l’évêque est située au sud de la troisième travée de la nef. A l’ouest se trouve la chapelle du Rosaire et à l’est la galerie orientale du cloître. La chapelle est placée à l’étage et forme ainsi une tribune dominant la nef et bordée d’une large balustrade. En dessous, un passage couvert de voûtes d’arêtes donne accès au cloître et à une chapelle latérale (dite chapelle d’Hiver) placée à l’extrémité méridionale.

 

La chapelle de l’évêque s’inscrit dans un plan rectangulaire de 9,80 par 4,75 m et est aménagée entre deux contreforts de la nef romane prolongée par des murs plus étroits. La pièce est couverte d’un plafond en plâtre situé à 5,20 m du sol en carreaux de terre cuite. Le plafond est simplement agrémenté d’une double corniche en plâtre disposée sur la partie sommitale des murs. Le mur sud est percé en partie supérieure d’une large fenêtre couverte d’un arc en anse de panier. La disposition haute de cette fenêtre dont les moulures en plâtre épousent la forme, est liée à la présence d’un autel et de son encadrement architecturé.

 

De chaque côté de l’autel, actuellement en restauration, sont placées des demi-colonnes cannelées et jumelées. Elles reposent sur un socle et sont couronnées de chapiteaux corinthiens supportant une architrave sur laquelle se développe la corniche en plâtre. Ce décor du retable est réalisé avec une pierre de taille de couleur blanche à grain fin de type Pernes-Velleron. Le vaste espace laissé libre entre l’autel et la fenêtre devait accueillir un tableau de grande taille.

 

Le mur oriental est percé d’une porte rectangulaire accédant aux toitures du cloître. L’encadrement de cette porte a été complètement cimenté, probablement dans les années 1950, lorsque l’on a obturé et enduit grossièrement un renfoncement du mur. Cet aménagement large de 4 m et haut de 3 m prend la forme d’un grand arc surbaissé, peut-être couvert d’un linteau, car aucun claveau ne semble apparaître sous l’enduit. Dans ce mur ont été effectués la plupart des sondages sur lesquels nous reviendrons.

 

Le mur occidental est percé d’un arc en plein cintre clavé qui participe au décor de la chapelle du Rosaire située à côté. L’arc abrite une baie rectangulaire à claire-voie aux menuiseries du XVIIIe s. qui s’appuie sur une balustrade en plâtre. Au-dessus de la baie, on remarque la disparition d’un petit plafond en lattis plâtré ; cette démolition permet de visualiser l’arrière du coffrage du décor en plâtre de la chapelle du Rosaire et en particulier des éléments d’un décor peint antérieur, réutilisés comme simples matériaux de construction par les gypsiers du XVIIIe s.

 

La partie nord de la pièce ouvre sur la nef par le biais de deux arcs juxtaposés. Le premier, en plein cintre, est une arcature aveugle de la nef romane percée pour l’aménagement de la tribune. Cet arc couvert de grandes marques lapidaires, est prolongé vers le sud par une maçonnerie plâtrée qui précède un second arc bien différent. C’est un arc brisé, large d’environ 4,40 m, construit en pierre de taille dont une comporte une petite marque lapidaire. L’arête de l’arc est constituée de plâtre destiné à rectifier la profondeur des pierres. Il apparaît qu’il s’agit d’un arc façonné à partir des vestiges d’une voûte en berceau brisé sectionnée dans l’alignement du mur de la nef.

 

Pour compléter cette description de ce côté de la chapelle de l’évêque, on peut noter la présence d’une balustrade en pierre servant de garde-corps et de deux cartouches blasonnés. L’un se situe sous l’arc donnant sur la nef et est frappé des armes de l’évêque Joseph Guyon de Crochans (1709-1742). Ces armes, écartelé au 1 et 4 d’argent à la fasce d’azur accompagnée au-dessus et au-dessous de 4 burelles de geules ; au 2 et 3 d’argent à la bande de geules chargée de trois croissants d’argent, semblent être une composition du XIXe s. consécutive à l’ornementation de la nef par le peintre Seguin, vers 1860. Le blason est entouré de 20 glands - attributs réservés aux archevêques - qui sont systématiquement représentés dans les peintures du XIXe s. des armoiries des évêques de Cavaillon.

 

Un autre blason, placé dans un cartouche situé au-dessus de la retombée ouest de l’arc, semble plus authentique. Celui-ci est surmonté du chapeau vert de l’évêque et est bordé de 12 glands ; le blason est peut-être l’original de l’évêque Guyon de Crochans puisqu’il est frappé d’argent à la fasce d’azur accompagnée au-dessus et au-dessous de 4 burelles ondées de gueules, symboles héraldiques probables de la famille de Guyon que l’on retrouve sur le blason du XIXe s.

 

Analyse architecturale


Quelques sondages dans les murs, en particulier dans le mur est, ont apporté des informations de premier plan pour comprendre l’évolution de ce corps de bâtiment relié à la nef de la cathédrale. Sur la surface sondée, aucune peinture n’a été repérée à l’exception d’un badigeon gris uniforme ; les maçonneries ont donc pu être étudiées par le biais de ces sondages. A l’est, le contrefort roman est apparu partiellement et a livré quelques assises de pierre de taille ainsi que son extrémité. A mi-hauteur, le parement de pierre avait été détruit et remplacé par une maçonnerie irrégulière.


Le début de cette rupture dans l’élévation du contrefort correspondait parfaitement avec le départ de l’arc brisé ouvrant sur la nef. Cette observation permet de préciser que l’arc se développait vers le sud et retombait sur le contrefort ainsi que sur un mur placé dans son prolongement. En conséquence, il ne s’agit pas d’un arc mais d’une voûte retaillée à l’aplomb du parement extérieur du mur de la nef. Une autre observation permet d’appuyer cette hypothèse car l’arc brisé est rectifié par une maçonnerie de plâtre qui complète l’espace manquant lié à l’enlèvement de certaines pierres de la voûte d’origine. Malheureusement, les sondages n’ont pas permis de retrouver d’autres traces d’accroche de la voûte sur les murs. On peut expliquer ce constat par une reconstruction totale de la pièce lors de l’aménagement de la chapelle de l’évêque.

 

La découverte d’une voûte médiévale antérieure à la chapelle permet de retracer l’évolution, entre le Moyen-Âge et l’époque moderne, de cet espace situé à l’angle de la cathédrale et du cloître. Au XIIe s., il est probable que l’emplacement de la chapelle de l’évêque ait été extérieur, dans une cour en bordure du cloître. On peut aisément restituer l’élévation du pan de mur de cette travée de la cathédrale, aujourd’hui largement ouvert. Le mur gouttereau devait être à l’intérieur épaulé par une arcature aveugle à deux rouleaux dont seul le premier subsiste. Le mur était peut-être percé d’une fenêtre ; une hypothèse acceptable puisqu'aucune fenêtre romane n’est conservée dans la cathédrale, suite au percement de multiples chapelles latérales.

 

A l’extérieur, la nef était contrebutée par deux contreforts dont l’extrémité est décorée d’une lésène. Le contrefort placé à l’ouest, pouvait être, en partie basse, compris dans le mur du cloître si celui-ci a été construit simultanément. Plus tard, peut-être entre les XIIIe et XIVe s., l’espace est couvert d’une voûte en berceau brisé abritant un bâtiment rectangulaire placé perpendiculairement à la nef, dans le prolongement des deux contreforts. La datation suggérée se fonde sur une marque lapidaire en forme de triangle et de petites dimensions que l’on utilisait communément sur des chantiers de cette période.

 

Le plan de cette pièce n’est pas certain ; néanmoins il est fort probable qu’elle s’étendait tout le long du cloître jusqu’à l’angle de l’église Saint-Pierre (cour de l’école maternelle). Plusieurs indices viennent épauler cette hypothèse. Au rez-de-chaussée, on observe dans le cloître, outre un enfeu gothique, les vestiges d’une porte de style comparable, couverte d’un arc en tiers-point avec une série de voussures ; ces vestiges sont englobés dans la porte actuelle d’accès à la cathédrale. A l’intérieur de la chapelle d’hiver, on perçoit également deux arcs surbaissés et chanfreinés qui pouvaient éventuellement avoir une fonction d’enfeu.

 

Dès lors, l’espace était bel et bien occupé autour des XIIIe et XIVe s. mais peut-être divisé en plusieurs pièces et deux niveaux séparés par un plancher. La voûte en berceau brisé est généralement choisie au XIIIe-XIVe s. pour de longues pièces ; par exemple au Petit-Palais d’Avignon au XIVe s. C’est la raison pour laquelle la restitution de la voûte sur l’ensemble de ce bâtiment rectangulaire est probable. A l’étage, la pièce ainsi voûtée donnait sur la nef de l’église. La position de cette voûte par rapport à une arcature aveugle romane restituée à deux rouleaux ne laisse aucune place au mur gouttereau. Par conséquent, cette pièce voûtée faisait déjà fonction de tribune et pouvait s’inscrire dans l’arcature romane intégralement conservée à cette période.On ne peut restituer d’ouverture à cette pièce mais les sondages ont apporté le jambage nord d’une petite porte rectangulaire percée en biais dans l’extrémité du contrefort. On retrouve à l’extérieur les traces de cette porte associée à une petite niche taillée dans le contrefort. Il est possible que cet accès ait fonctionné lorsque la voûte était encore en place. Dans ces conditions, il parait évident qu’un accès existait sur le toit du cloître qui reliait la pièce aux bâtiments canoniaux. Des travaux d’envergure sont effectués au tournant des XVII et XVIIIe s. On sait par le livre de raison du chanoine de Grasse, publié par Frédéric Meyer, que l’évêque Jean-Baptiste de Sade fait d’importantes transformations dans la cathédrale. En 1681, il fait couvrir l’entrée dans la cathédrale, qui se fait par le cloître, par un auvent et fait embellir « sa chapelle d’hiver », située au premier étage d’un vestibule, par une balustrade en pierre donnant sur la nef. Puis il la fait relier à la tribune de ses appartements d’où il peut entendre la messe chantée par les chanoines. Quelques commentaires s’imposent par la mise en perspective de ce texte et des observations architecturales.

 

Le auvent doit être interprété comme l’espace couvert de deux voûtes d’arêtes qui effectivement relient toujours la cathédrale au cloître. Ce type de voûte est parfaitement conforme à une réalisation de la fin du XVIIe s. On apprend ensuite que l’évêque utilise cette chapelle en saison hivernale et qu’il fait construire la balustrade. C’est probablement celle que l’on connaît encore aujourd’hui et qui s’appuie sur l’arc d’entrée de cet "auvent".

 

Enfin, on apprend qu’il fait relier l’ensemble à sa propre tribune et jusque dans ses appartements ; entreprise qui suppose l’édification d’un long corridor jusqu’au palais épiscopal, cheminant peut-être sur la façade de l’église Saint-Pierre.

 

Il est certain que l’évêque de Sade a entrepris de gros travaux dans ce secteur de la cathédrale. Mais on parle simplement d’embellissement et on note la construction de la balustrade dans « sa chapelle d’hiver ». Si le décor du retable et l’aménagement de la chapelle dans son aspect actuel peuvent lui être attribués, on ne peut que s’étonner qu’il n’existe aucune mention de ces travaux dans les écrits du chanoine de Grasse ; ceci d’autant plus qu’ils ont nécessité la démolition de la voûte antérieure et la reconstruction des murs latéraux. C’est peut-être une omission car la pose des voûtes d’arêtes semble liée à l’édification du mur sud de la chapelle de l’évêque, placé sur le même alignement. Dès lors, le terme « d’embellissement » pourrait englober toutes ces transformations, aussi importantes soient-elles.

 

La présence des armes du successeur de Monseigneur de Sade, sur le côté gauche de l’arc de la tribune, pourrait a contrario, signifier que celui-ci a achevé les travaux ou largement reconstruit la partie supérieure de ce corps de bâtiment. Une chose est sûre : au début du XVIIIe s., la chapelle de l’évêque a pratiquement l’aspect que l’on connaît aujourd’hui. La démolition de la voûte médiévale a nécessité la reconstruction totale des murs situés dans le prolongement des contreforts romans. Celui situé à l’ouest a même été complètement restructuré car une grande partie du parement de pierre de taille fut détruit à cette occasion. On peut éventuellement expliquer cette transformation par un mauvais état de la maçonnerie médiévale : on constate en effet sur quelques blocs subsistants des traces de rubéfaction profonde qui attestent que le mur a subi un feu intense à cet endroit. Ces traces pourraient être celles d’un incendie provoqué par les troupes protestantes du baron des Adrets en 1562.

 

L’accès de la chapelle est modifié lors de ces grands travaux. Il s’effectue toujours au-dessus du cloître mais la porte est transformée : on obture l’ancienne ouverture biaise taillée dans le contrefort roman et on édifie une nouvelle porte plâtrée dont le jambage a été retrouvé lors d’un sondage. A la fin du XVIIIe s., la chapelle de l’Evêque est une dernière fois modifiée consécutivement à la construction de la chapelle du Rosaire, située à l’ouest et attribuée à Jean-Baptiste Péru II. Pour les besoins de l’édification de la coupole et dans un souci de préservation de la symétrie de cet ensemble architectural, on ouvre un grand arc en plein cintre en pierre de taille dans le mur ouest de la chapelle de l’Evêque. L’observation de la maçonnerie démontre que l’arc a été percé a posteriori dans le mur puisqu’un mortier très différent a été utilisé pour colmater la brèche au-dessus des claveaux. Un décor de gypserie est alors placé sous l’arc pour agrémenter la chapelle du Rosaire avec pour réemploi des fragments d’un décor antérieur. On orne également le côté de la chapelle de l’Evêque.

Un petit plafond associé à une devanture formant un arc surbaissé devait décorer l’embrasure de cet arc où se développait une baie à claire-voie posée sur une balustrade. On retrouve sur les côtés de l’arc en plein cintre la retombée de ce « faux arc surbaissé » qui fait le penchant à un second situé sur le mur opposé. Effectivement, l’entrée de la chapelle est une dernière fois modifiée par la création d’un renfoncement du mur au centre duquel se trouve une porte rectangulaire. Cet aménagement en forme d’arc surbaissé est simplement taillé dans la maçonnerie préexistante, rectifiée pour les besoins avec le même mortier que celui que l’on retrouve au-dessus de l’arc en plein cintre. Il est difficile d’imaginer le décor de ce renfoncement, peut-être des gypseries ou de vastes huisseries.


La « touche finale » à ces transformations du décor de la chapelle de l’Evêque est apportée à l’autel. Il est probable qu’en cette fin de XVIIIe s. on décide de le remettre au goût du jour. On maçonne entre les socles du retable et on adapte un autel galbé de type tombeau ; ces modifications ont pu être cependant effectuées bien plus tard, dans le courant du XIXe s. avec un autel antérieur récupéré et replacé.


Conclusion


Le décor de la chapelle de l’Evêque est assez bien conservé - à l’exception des aménagements de la fin du XVIIIe s. - mais il mérite une restauration globale. L’étude archéologique montre quelles ont été les différentes transformations de cet ensemble depuis le Moyen-Âge jusqu’à nos jours. L’intérêt majeur de ces recherches réside dans la découverte d’une ancienne voûte en berceau brisé médiévale qui se déployait sur cet espace encadré par deux contreforts de la nef romane. C’est une donnée importante qui permet de compléter nos connaissances des bâtiments canoniaux disposés autour du cloître au Moyen-Âge. A l’avenir, il serait souhaitable que tous les travaux de restauration sur ce remarquable ensemble épiscopal et canonial de Cavaillon, soient précédés de recherches comparables. Leur utilité est essentielle pour comprendre le bâtiment et par-delà, réussir des restaurations conformes à l’intérêt architectural, artistique et historique de ce groupe épiscopal.


François Guyonnet

Février 2007

 

Bibliographie


Collectif - Les évêques de Cavaillon et leurs armoiries peintes dans la nef de la cathédrale en 1860. Catalogue d’exposition, Les Amis de la Cathédrale et du Vieux Cavaillon, Cavaillon, 1998, 22 p.


Fray (F.) ; Guild (R.) ; Sauze (E.) - Le groupe épiscopal de Cavaillon, In Monuments Historiques, 170, 1990, p. 77-79.


Meyer (F.) - Un chanoine de Cavaillon au Grand Siècle. Le livre de raison de Jean-Gaspard de Grasse (1664-1684). Collection de documents inédits sur l’histoire de France, Série in-8°, Vol. 30, Ed. C.T.H.S., Paris, 2002, 153 p.


Thirion (J.) - Notre-Dame de Cavaillon, In Congrès Archéologique de la France, 1963, Avignon et le Comtat-Venaissin, Société Française d’Archéologie, Paris, 1963, p. 394-406.

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 16:59

Un diagnostic patrimonial dans une maison en attente de réhabilitation du centre ancien de Cavaillon est à l’origine d’une découverte exceptionnelle pour la connaissance de la peinture en Provence au début du XVIe s. Le bâtiment se situe à quelques mètres au sud de l’ancien groupe épiscopal de Cavaillon, probablement dans le périmètre de l’ancien quartier canonial.

 

L’architecture de l’édifice est assez composite et reflète les multiples transformations des lieux tout au long du Moyen-Âge, voire au-delà (présence d'un mur antique dans la cave). Au rez-de-chaussée et sur une élévation de l’étage, on observe une maçonnerie et des traces d’ouvertures caractéristiques de l’époque romane. Une partie de la façade sur l’ancienne cour semble avoir été reconstruite au XIVe s. avec une ordonnance de fenêtres à croisillon, complétée d’une travée supplémentaire au tournant des XVe et XVIe s. A cette époque, une restructuration complète de l’hôtel particulier, appartenant probablement à un chanoine, est menée à son terme.


D’imposants planchers couvrent plusieurs pièces dont certaines sont chauffées par de grandes cheminées de style gothique. Une petite pièce d’environ 7 m2 a particulièrement attiré notre attention par la qualité de son décor peint conservé sous les badigeons d’époque moderne. Il s’agit certainement d’une chapelle privée - ou d’un oratoire - aménagée dans un recoin de l’immeuble, où le chanoine pouvait se recueillir parmi les représentations des saints pour lesquels il avait une dévotion particulière. Chaque mur est orné de peintures réparties en deux registres : en partie basse, on observe une série de fausses tentures ornées de rinceaux au-dessus desquels sont disposés les saints, dans un décor d’architecture en trompe-l’œil. Parmi ces nombreux personnages sacrés, on distingue une superbe représentation de Saint-Michel terrassant le démon.

 

François Guyonnet

Mars 2006

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 16:39

Véronique Valton, Christian Morand et Les Amis de l’Hôtel d’Agar sont heureux de vous inviter à découvrir la crèche de Noël 2011.

 

Du samedi 17 décembre au vendredi 23 décembre de 14 h à 18 h, la crèche sera ouverte au public sur rendez-vous. Pour participer aux visites guidées, veuillez cliquer sur Contact. Les samedi 7 et dimanche 8 janvier 2012, la crèche sera ouverte à tous de 14 h à 18 h.

 

Cette année, 4 salles seront ouvertes. Au rez-de-chaussée de la tour gothique, vous pourrez admirer la crèche des santons provençaux. Au premier étage, vous découvrirez dans la première salle l’histoire du santon en Provence et, dans la seconde, c’est l’histoire des santons de Marseille qui vous sera présentée ainsi que celle des santons génois. Enfin, au second étage de la tour ce sont les boules de Noël qui seront à l’honneur, des boules sulfurisées du 19e siècle aux œuvres modernes de Meisenthal.


 

Pour la première fois, nous vous proposerons à la vente des boules de Meisenthal et peut-être même le trésor de Cavaillon en chocolat...


Nous espérons que ce programme vous plaira et que vous serez encore très nombreux cette année à venir nous rendre visite.

 

Des photos de la crèche 

Une vidéo sur la crèche en 2010

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 13:47

Dimanche après midi, la cathédrale était comble pour rendre hommage à Maurice Duruflé et Eliane Chevalier. La présence du maire ainsi que celle de plusieurs élus honorait le très beau concert d’orgue, donné en vue de recueillir des fonds pour sa restauration. L’excellente organiste Sarah Soularue, élève de Maurice et Marie-Madeleine Duruflé et amie de la famille Chevalier, qui finançait en partie le concert, a su enthousiasmer l’assistance avec un récital composé d’œuvres de Bach, Louis Vierne, Tournemire et bien entendu du compositeur Maurice Duruflé.

 

Ces instants merveilleux d’écoute des grandes orgues de notre Cathédrale se sont achevés autour d’un buffet offert et organisé par le Rotary Club Cavaillon Saint-Jacques sous les voutes du cloître.

 

La Provence du 19 novembre 2011

 

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 12:51

Samedi 26 novembre 2011

Rendez-vous à 9 h 30 place Gambetta

Inscription : 04.90.72.26.86

 

La visite relative au FISAC est reportée à une date ultérieure. A sa place, le service des Musées et du Patrimoine propose une balade en ville pour se rappeler quelques aménagements importants. Le départ est prévu place Gambetta, suivie d'une remontée dans le temps et à travers la ville vers la Grand'Rue, qui fit l'objet d'une RHI (réhabilitation pour l'habitat insalubre). La visite se poursuivra par la Place aux Herbes et son opération façade, puis par le quartier du Fangas et enfin par la place du Clos. Des photos du fonds Jouve et des Archives municipales rappeleront ce qu'était Cavaillon autrefois.

30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 12:38

Exposition « Du côté de l'en-tête »

Commerces et industries en Vaucluse de 1850 à 1950


Cette exposition, réalisée par le Musée départemental du cartonnage, les Archives départementales et l'ASPPIV (Association pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Industriel de Vaucluse), vous convie à un voyage dans le temps et le territoire vauclusien, à travers près de 400 papiers à en-tête.


Outils de communication liés à une stratégie publicitaire, ces documents recèlent une abondance de détails à vocation informative, symbolique ou décorative. On y découvre les activités qui ont contribué au rayonnement du département aux XIXe et XXe s. (papeteries et cartonnages, conserveries et berlingots, filatures en soies et sériciculture, etc.). Les références cavaillonnaises sont complétées par des en-têtes originaux de commerces célèbres conservés dans les archives de la ville.

 

Enfin, un livret jeune public permet aux enfants de découvrir cette exposition de façon légère et autonome.

 

Archives municipales de Cavaillon

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