Un diagnostic patrimonial dans une maison en attente de réhabilitation du centre ancien de Cavaillon est à l’origine d’une découverte exceptionnelle pour la connaissance de la peinture en Provence au début du XVIe s. Le bâtiment se situe à quelques mètres au sud de l’ancien groupe épiscopal de Cavaillon, probablement dans le périmètre de l’ancien quartier canonial.
L’architecture de l’édifice est assez composite et reflète les multiples transformations des lieux tout au long du Moyen-Âge, voire au-delà (présence d'un mur antique dans la cave). Au rez-de-chaussée et sur une élévation de l’étage, on observe une maçonnerie et des traces d’ouvertures caractéristiques de l’époque romane. Une partie de la façade sur l’ancienne cour semble avoir été reconstruite au XIVe s. avec une ordonnance de fenêtres à croisillon, complétée d’une travée supplémentaire au tournant des XVe et XVIe s. A cette époque, une restructuration complète de l’hôtel particulier, appartenant probablement à un chanoine, est menée à son terme.
D’imposants planchers couvrent plusieurs pièces dont certaines sont chauffées par de grandes cheminées de style gothique. Une petite pièce d’environ 7 m2 a particulièrement attiré notre attention par la qualité de son décor peint conservé sous les badigeons d’époque moderne. Il s’agit certainement d’une chapelle privée - ou d’un oratoire - aménagée dans un recoin de l’immeuble, où le chanoine pouvait se recueillir parmi les représentations des saints pour lesquels il avait une dévotion particulière. Chaque mur est orné de peintures réparties en deux registres : en partie basse, on observe une série de fausses tentures ornées de rinceaux au-dessus desquels sont disposés les saints, dans un décor d’architecture en trompe-l’œil. Parmi ces nombreux personnages sacrés, on distingue une superbe représentation de Saint-Michel terrassant le démon.
François Guyonnet
Mars 2006