2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 10:09

Cabellio, étape sur la via Domitia

 

La via Domitia a été créée à partir de 120 avant J.-C., par le consul romain Domitius Ahenobarbus qui lui a donné son nom. Elle réunissait l’Italie aux provinces d’Espagne en desservant ce qui deviendra en 27 après J.-C. la Province Transalpine de la Narbonnaise. Route interprovinciale, aménagée et entretenue aux frais de l’Etat romain, relevant du domaine public, elle fut un axe particulièrement fréquenté par les armées, les fonctionnaires, les commerçants et les marchands, les voyageurs et les pèlerins au point de devenir l’une des plus grandes routes de l’Empire Romain, favorisant de ce fait le développement des villes qui la jalonnaient et la romanisation de ses habitants. Du Rhône aux Alpes, cette route suivait le piémont septentrional des Alpilles, traversait la Durance à Cavaillon et par la vallée du Calavon et la plaine de Mane rejoignait près de Lurs la vallée de la Durance, qu’elle remontait jusqu’au col du Mont-Genèvre. Cavaillon, chef-lieu de cité et gîte d’étape (mansio), commandait le passage de la Durance à la fois pour la voie Domitienne (est-ouest) et pour une voie reliant Aix-en-Provence d’une part à Carpentras, d’autre part à Avignon (sud-nord). Dans la ville romaine de Cabellio, qui s’étendait au pied de l’oppidum gaulois établi sur la colline Saint-Jacques, la voie Domitienne empruntait, semble-t-il, l’axe majeur sud-nord (cardo maximus), sans doute l’avenue du Clos et l’actuelle Grand’rue, passant, près de la cathédrale Saint-Véran, sous l’arc monumental (transféré en 1878 place du Clos où il demeure toujours aujourd’hui). Des nécropoles bordaient cette route au sud et au nord de la ville.

 

Cabellio, étape sur la Durance

 

L’atout particulier de Cavaillon est en outre son emplacement au carrefour de voies fluviales et terrestres majeures, permettant une desserte aisée et une circulation facilitée dans l’Antiquité. Selon Strabon, géographe grec du Ier siècle avant J.-C., pour passer du pays salyen en pays cavare « on traversait la Durance en barque à Cavaillon… ». Ce bac était le plus important de la basse Durance : il se situait dans un détroit, formé par les Alpilles au sud, le Luberon et la Colline Saint-Jacques au nord, point de convergence de plusieurs voies. La Durance constitue donc pour Cavaillon un axe majeur. Fortement utilisée pour le transport de fret et de voyageurs, on y pratiquait le halage et un bac permettait la traversée d’hommes, bestiaux et marchandises.


Dès le XVIIIe siècle, des présomptions portant sur l’existence d’un port fluvial au pied de la colline, ont été émises. On sait qu’une corporation d’utriculaires (1) (bateliers) fréquentait alors la Durance. Une médaille de bronze (2) découverte au XVIIIe siècle dans le Luberon mentionne clairement le « collège » ou corporation de Cavaillon réunissant ces bateliers.

 

En 1903, Michel Jouve, à la faveur d’une décrue exceptionnelle de la Durance, fait la découverte fortuite d’une inscription gallo-grecque gravée à même le rocher de la colline Saint-Jacques et située près d’un énigmatique aménagement de la roche. Une fouille réalisée en 2005 a permis de traduire l’inscription comme une dédicace votive d’un personnage du nom de Phehiknos à un certain Ouelrous, nom d’un dieu proprement local. L’interprétation de ce site renforce ainsi l’idée d’un trafic fluvial intense dès l’époque antique.

 

(1) En effet, la navigation et le transport d’hommes, de bétail et de marchandises pour la traversée de la Durance se faisait à l’aide de radeaux flottant au moyen d’outres remplies d’air, d’où le nom d’« utriculaires » donné aux bateliers qui conduisaient ces barges avec un tirant d’eau très limité.

 

(2) Cette médaille officielle du corps des utriculaires comprend sur une face la représentation d’une outre gonflée en relief, munie d’un anneau de suspension ; sur l’autre face se trouve l’inscription dédicace latine abrégée : COLLE(gium) UTRI(clariomum) CAB(elliensium) L(ucii) VALER(ii) SUCCES(si) ; traduction : « Lucius Valerius, du Collège des Utriculaires de Cavaillon, à ses successeurs ».

 


 

Cavaillon Infos, mars 2011

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