Jusqu’au XIIe siècle, l’assistance aux pauvres et aux malades, dans le Midi comme dans l’ensemble de la chrétienté, a relevé de la responsabilité des hommes d’Église: évêques, moines et chanoines prenaient en charge les distributions alimentaires aux affamés et l’accueil des indigents.
Avec la « révolution urbaine » caractéristique de la période du Moyen Âge central (XIIe – XIVe s.), l’on assiste à une multiplication et à une diversification des institutions caritatives: non seulement de nouvelles structures d’assistance se mettent en place, comme les confréries et les ordres religieux hospitaliers, mais les villes et même de petites bourgades fondent à leur tour des hôpitaux, des léproseries et des « aumônes », dont le fonctionnement est assuré par les finances municipales. Au même moment les laïcs, au sein de toutes les classes de la société, répondant à la pastorale de la charité promue par les prédicateurs, font des œuvres de miséricorde évangéliques l’un des fondements de leurs dévotions.
En témoignent en particulier les nombreux testaments par lesquels, en préalable à leurs legs privés, les chrétiens font des pauvres des intercesseurs privilégiés dans la perspective du salut par des dons d’argent, de nourriture ou de vêtements.
Dans le contexte des pays du Bas-Rhône, l’installation à Avignon au XIVe siècle du Siège apostolique et de la cour pontificale bouleverse les évolutions et réorganise sur une grande échelle l’assistance alimentaire et hospitalière, en redonnant à l’institution ecclésiale un rôle majeur en ce domaine, sans ralentir cependant ce phénomène de municipalisation qui devait s’imposer à partir du XVe siècle.
Ce sujet est en rapport avec l’exposition sur les œuvres de miséricorde, qui se trouve actuellement dans la chapelle d’hiver de la cathédrale de Cavaillon.